••• there's poison in your mouth ∆ andrea {done}

“Il faut à présent oublier l'idée d'utopie. Le monde n'est plus sûr, on vit dans l'insécurité, on vit dans le doute. Fonds-toi dans la masse, deviens un simple pion. Mais souviens-toi, tu es un pion rebelle. Je suis ton seul allié, Andrea. Le monde est ton ennemi, ne fais confiance à personne. Lorsque tu te sens en danger, la lame est ta partenaire. Un seul coup et tout redevient habitude.”

C'est ce que ton père t'a dit avant sa mort. Une morte banale, sûrement tragique. On t'avait appris à ne pas t'attacher, même si c'était un membre de ta famille. Et pourtant. Pourquoi tu ressentais ce pincement au cœur lorsqu'il te quitta ? Tu n'avais pas besoin de ce genre de discours, tu n'avais pas besoin de cela, non. Tu connaissais assez bien ce monde pour savoir qu'il n'était pas sûr, que nous vivions désormais dans une dystopie. C'était bel et bien le terme que l'on avait décidé d'employer depuis, pour décrire l'état du monde. Après la mort de ton père, tu ne t'attendais pas non plus à des mots tendres, ce n'était pas son genre. Il te laissait donc seul avec ta mère, sans rien, si ce n'était ces dernières paroles. Ce fut le plus récent des événements.

Tu vis le jour sur les terres du Royaume de Elphegort. Tu menais une vie simple, voir tout à fait banale et sans importance. Tes parents et toi n'étiez que des personnes qui se fondaient dans la masse, comme tous les habitants du pays. Vous étiez heureux comme ça, pourtant. Vous n'aviez pas besoin d'être reconnus, cela n'était pas nécessaire. Ta mère était couturière alors que ton père était fermier. Des pratiques bien trop courantes dans le royaume. Oui, vous n'aviez pas besoin d'être reconnus.

Tu menais une vie ordinaire, désormais boulanger dans le village. Tu avais rencontré une femme lorsque tu avais vingt-trois ans. Une femme quelconque qui dégageait néanmoins un certain charisme, répondant au nom de Elianore. Vous aviez un point commun, votre insécurité. Cela ne vous a cependant pas empêché de procréer, sûrement dans l'inconscience, dans le but de peupler le royaume, de chercher à atteindre le bonheur pour effacer ce titre de dystopie sans doute. Vous cherchiez à vous créer un bonheur. Vous aviez décidé de vous marier, et lorsqu'elle donna naissance à votre fille, nommée Kuchel, tu devais sûrement être l'homme le plus heureux au monde. Ironique non ?

Trois années passèrent, tu n'étais pas amoureux de la mère de ta fille, vous en étiez conscients et cela depuis le début. Petit à petit, la distance se creusaient entre vous. C'était presque naturel lorsque la séparation se fit. Ta vie reprenait, normalement, ta fille venant combler ce vide perpétuel ainsi que ta mère.

« Papa, qu'est-ce qu'une utopie ? »